Kélonia (sous titré "L’observatoire des tortues marines") est à la fois un aquarium, musée, et un centre de recherche, d’intervention et de soins consacré aux tortues marines. Il est installé en bord de mer à proximité de la ville de Saint-Leu, commune de la côte ouest de l’île de La Réunion, département d’outre-mer français de l’océan Indien.
Jusqu’en 1969, le site sur lequel se situe l’observatoire des tortues marines est occupé par une chaufournerie. Depuis la colonisation organisée de l’île en 1664, la chaux est utilisée d’abord comme matériau de construction, puis dans les engrais agricoles et dans la fabrication du sucre de canne. Elle est produite à partir du corail ramassé sur les plages ou prélevé dans les lagons. La chaufournerie voit sa production baisser à partir des années 1950 devant la concurrence de la chaux d’importation et du ciment. Le four à chaux, construit en 1940, cessera ses activités en 1960. Le 9 juin 1969, la Préfecture interdit la récolte du corail, ce qui provoque le déclin, puis la disparition de l’entreprise.
Le site est alors abandonné jusqu’en 1977, date de l’installation de la Ferme Corail, dont le projet architectural englobe la restauration du four à chaux. La « Ferme Corail » est ainsi nommée à partir de l'acronyme CO.R.A.I.L. (COmpagnie Réunionnaise d'Aquaculture et d'Industrie Littorale).
La Ferme Corail est construite sur le site à partir de 1977. C’est un établissement aquacole consacré aux tortues marines utilisant la méthode du « ranching » : des juvéniles sont capturés sur les îles d’Europa et Tromelin et élevées en bassin jusqu’à la taille voulue pour la commercialisation de leur chair et de leurs écailles. Ces captures sont encadrées par des dispositions prises en vue de la protection de la ressource : seules les tortues naissant de jour, massivement victimes des prédateurs, sont prélevées, et un quota est fixé par la Préfecture après enquête scientifique. L’élevage parvient à susciter une filière économique locale incluant les restaurateurs et les industriels de l’alimentation, ainsi que des formations à l’artisanat utilisant les écailles. L’établissement s’ouvre au public en 1985. Toutefois, devant le durcissement de la législation concernant les tortues marines, la Société Bourbonnaise d’Aquaculture, gestionnaire de la ferme de 1986 à 1997, élèvera et commercialisera le tilapia du Mozambique en vue de diversifier sa production. Cet élevage sera abandonné en 1997 peu après celui de la tortue verte.
En 1981, les tortues marines sont classées à l’Annexe I de la Convention de Washington (CITES), signée par la France en 1978, qui en interdit le commerce international tant pour leur chair que pour les produits dérivés. Un arrêté préfectoral pris en 1983 protège les tortues sauvages à La Réunion, ce qui permet à la France de tenter d’obtenir des dérogations pour leur élevage. Le 1er janvier 1984, le décret de mise en application de la Convention rend ses dispositions effectives, mais un délai est accordé à l’élevage. Cependant, un combat soutenu est mené localement par des associations écologistes8 contre la Ferme Corail en vue de l’application des dispositions internationales. Ces associations dénoncent notamment les conditions d’élevage des animaux.
En 1989, la Région Réunion devient propriétaire des terrains et bâtiments de la Ferme Corail. Elle entend soutenir la filière tortue et intervient auprès des ministères concernés pour obtenir un cadre juridique défini en accord avec les dispositions de la CITES. Mais en 1994, le Ministère de l’Environnement s’oppose définitivement à l’élevage commercial.
Le Conseil Régional décide donc en septembre 1997 de la réhabilitation de la Ferme Corail, qui sera gérée par une association créée à cette fin, le Centre d’Études et de Découverte des Tortues Marines (CEDTM), à la suite d'une mission d’expertise mandatée par le Ministère et d'une étude de faisabilité menée par l’IFREMER. Cette association aura pour missions, dans le cadre d’une délégation de service public, de gérer le site et de préparer sa réhabilitation, tout en assurant la conservation du patrimoine naturel et culturel en relation avec les tortues marines et le développement de programmes d’études et de conservation des tortues dans le cadre d’une coopération régionale. Le chantier de réhabilitation commence en 2004, l’observatoire des tortues marines Kélonia est inauguré le 18 août 2006. À cette occasion et symboliquement, une tortue de six mois est rendue à la mer. L’association CEDTM gèrera Kélonia jusqu’à ce que, le 1er janvier 2013, la Région confie sa gestion comme celle de l’ensemble des musées de l’île, propriétés de la collectivité, à la SPL RMR (Société Publique Locale Réunion des Musées Régionaux).
Source : Wikipedia


